Merci à vous deux! ^^
Post RP:
Le jeune Uminari, 14 ans, gambadait des les ruelles menant au port alors qu'un Soleil d'or se levait paisiblement sur le village, le couvrant d'un manteau éclatant de mille feux. Aujourd'hui, les marins avaient acceptés de l'amener à bord de leur bateau pour un séjour de pêche qui durerait deux jours. Ce petit voyage initiatique était un jour que le jeune apprenti attendait depuis longtemps. On lui avait fait cette promesse quand il était très petit et chacun de ses levers était bercés par cette merveilleuse perspective. L'idée même que d'entreprendre cette sortie l'avait entièrement motivé pour ses premières années d'apprentissage. Durant ce petit stage, il apprendrait à pêcher les gros poissons. Et puis il apprendrait aussi les rudiments de la navigation. Aussi avait-il emporté avec lui un sac à dos dans lequel se trouvait un ensemble de rechanges, de la nourriture, un carnet de bord vierge ainsi qu'une plume et un encrier. Cet accessoire était sa fierté et le soir même il en rédigerait les premières pages, tel le Capitaine d'un grand navire qui répertorie les mémoires ses voyages. C’est gonflé d'orgueil qu'il embarqua sur le navire sous le regard amusé des marins confirmés qui ne manquaient aucun occasion de rabrouer, causant ses petites crises de colères enfantines. Mais le jeune futur pêcheur se vexait rarement longtemps et la minute d'après il plaisantait avec eux.
Lorsque le bateau partit, il put voir sur le quai sa mère lui faire de grands gestes d'au revoir, hurlant pour lui prodiguer quelques conseils bienveillants. Ainsi elle avait fait l'effort de se lever tôt pour accompagner le départ de son jeune fils. Cette attention toucha énormément Uminari qui en eut les larmes aux yeux. Les pêcheurs ne purent laisser passer cette chance d'encore une fois rabrouer le jeune avide de connaissances:
"Hé, Uminari! Tu ne vas tout de même pas te mettre à pleurer! Je te signale que ce n'est qu'un trajet de deux jours! Tu la retrouveras très vite ta petite maman!"
Piqué au vif par la remarque acide, il passa la journée à l'avant du bateau en boudant. Malgré la mauvaise ambiance régnant sur ce départ, il se pencha au dessus de la proue et admira les vagues agiter le navire ainsi que les reflets scintillants sur l'eau d'un Soleil déclinant. Tout cet or ondulant sous la houle lui évoquait quelque danse fluide et ensorceleuse. Pour sûr, la mer lui évoquait une femme. Mais en ces temps le jeune pêcheur ignorait qu'une femme pouvait faire montre d'une colère sans pitié. Et cette femme indomptable qui pouvait se montrer aussi cruelle que lunatique n'allait pas tarder à imprimer dans son âme le dur avertissement qu'on ne la chevauche pas avec insouciance et confiance. A la tombée de la nuit, au moment de se coucher, il s'empressa de gagner le dortoir des pêcheurs, de se glisser sous sa couverture et d'attraper son carnet, sa plume et son encrier et de commencer à retranscrire fiévreusement sur le papier ses premières impressions, à la lueur d'une bougie:
Première sortie en mer: Jour 1
C'est le plus beau jour de ma vie! C'était super! Le navire est superbe est le temps a été radieux toute la journée! Pas un nuage à l'horizon! Seul bémol, ces idiots de marins d'eau douce qui n'arrêtent pas de se moquer de moi! Un jour je leur montrerais! J'ai pu voir que la mer est un vrai trésor. Lorsque le Soleil se couche elle tapisse notre chemin d'un tapis d'or! On aurait presque envie de se baisser et de le ramasser! La nuit est tombée trop vite et cet éphémère tapis s'est vite envolé, quel dommage! Ce soir je vais me coucher tôt. Il faut absolument que je sois en forme demain! Demain, je m'attaque au gros poiscaille! Finit le menu fretin! Je jure de pêcher la plus grosse des prises demain!
Une fois qu'il eut terminé, il ferma son carnet, boucha son encrier, nettoya sa plume et souffla sa bougie avant d'essayer de s'endormir. Manque de chance pour le garçonnet, les pêcheurs confirmés avaient décidé d'organiser une petite beuverie en l'honneur de la Mer, pour en attirer la clémence. Bien évidemment cette beuverie fut accompagnée de chants aussi bruyants que le chant des marins était faux. Par conséquence l'impatient gamin ne put fermer l'oeil que lorsque tout les fêtards tombèrent ivres morts sur leur couchette. Le lendemain, il fut réveillé à coup de seau d'eau sur la tête par les marins farceurs, qui ne manquèrent pas de rire à gorge déployée, déversant sur lui leur haleine empestant le rhum. Leur gueule de bois les avait rendus de mauvaise humeur et ils avaient décidés de martyriser le petit nouveau pour y remédier. Cette fois ci, Uminari fut vraiment vexé. En plus de l'avoir tenu éveillé une bonne partie de la nuit, ces mesquins pêcheurs ronds comme des tonneaux l'avaient réveillé de la pire façon qui soit. Même si son enthousiasme demeurait intact, sa bonne humeur, elle, était morte et enterrée. C'est en pestant et se réveillant autant qu'il put qu'il s'habilla et grima sur le pont pour observer le travail des pêcheurs. Il écouta attentivement les méthodes à appliquer tout en silence, en ne desserrant pas sa mâchoire, l'air obstiné. Sa déception fut grande lorsqu'il apprit que cette pêche en haute mer s'exécuterait par filet, il aurait voulu pêcher avec une canne à pêche mais apparament ce n'était pas prévu dans le programme des marins. Le système était simple, il fallait laisser couler en position verticale et tendue un filet, le baliser, et venir le chercher quelques jours plus tard. Mais sa réticence s'envola lorsqu'il observa les marins remonter péniblement le lourd filet chargé. A l'intérieur se retrouvaient piégés des poissons de multiples couleurs et de multiples tailles, un vrai régal des yeux. Il apprit ainsi le nom de plusieurs de ces poissons et leurs habitudes. Il nota toutes ces références sur une feuille à part pour pouvoir bien les apprendre de son côté. Cette tâche lui prit toute la journée puisqu'elle évoluait au rythme de l'avancement du travail des pêcheurs, qui vidaient les poissons de leurs entrailles et les écaillaient tout en instruisant Uminari. Lorsque la nuit tomba, au lieu d'aller festoyer avec les autres marins pour célébrer cette pêche presque miraculeuse, il alla rédiger une nouvelle page de son carnet, les yeux remplis d'étoiles:
Première sortie en mer: Jour 2
Aujourd'hui c'était vraiment sensationnel! Même si la méthode n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais, le résultat a vraiment été fantastique! J'ai tout appris des bézugs ou des maquereaux! Par contre, je ne pourrai jamais pardonner à ces idiots de pêcheurs de friture! Ils se saoûlent et c'est moi qui en fait les frais! A cause d'eux j'ai fait la tête toute la journée! Ils sont impardonnables! Tout ça pour leur fête en l'honneur de la Mer! Ils croient quoi, qu'ils vont s'attirer les faveurs de la Mer? Ce ne sont que de stupides superstitieux! La mer est une femme qui sourie à ceux qui l'aiment. Nous n'avons absolument rien à craindre. C'est d’ailleurs sûr et serein que je m'en vais dormir.
Il s'endormit ensuite, sous le coup de la fatigue. Bis repetita, il fut de nouveau dérangé par son sommeil. Mais cette fois-ci la cause était beaucoup plus inquiétante, une puissante secousse. Une énorme vague venait de frapper le flanc du bateau, aucun doute n'était possible. Lorsqu'il sentit son ventre gesticuler dans ses entrailles lorsqu'une nouvelle vague secoua le navire, Uminari loua son jeun durant son séjour. Titubant, il se dirigea vers le pont. Lorsqu'il ouvrit la porte c'est un vacarme de tout les diables qui l'accueillit. Un déluge digne de Noé s'abattait sur le navire tandis que d'immenses rictus blancs et flamboyants déchiraient la noirceur du ciel avant de se jeter sur l'horizon dans une détonation effrayante. Ses oreilles sifflèrent tandis que ses yeux furent aveuglés par ce spectacle apocalyptique. Lorsqu'il reprit ses esprits, l'espiègle et vaniteux apprenti remarque les marins affolés essayant de rabattre les voiles et renforcer les cordages pour qu'ils ne cèdent pas. Choqué par cette visions de son excessive confiance punie, il ne put distinguer parmi les ombres la vague qui s'abattit sur lui, le projetant dans les remous furieux générés par le navire tanguant. Sentant la froideur des mains crochues de la Mer s'emparer de lui et l'attirer vers les fonds, il put voir dans sa tête la belle femme se transformer en une terrible guerrière frappant furieusement de sa colère les impies croyant la dominer. C'est alors qu'une main puissante et velue l'empoigna, celle d'un des marins. Lorsqu'il émergea à nouveau il put voir tous les marins tenir une corde qui ceinturait le marin qui s'était jeté dans les crocs de la Mer pour l'extirper d'une mort certaine. Tous les autres luttaient contre la force de la Grande Dame pour ramener sur le navire leurs deux compagnons. Durant la remontée Uminari s'évanouit, apeuré et transit par le froid.
Lorsqu'il reprit connaissance, le bateau semblait immobile. Enveloppé dans sa couverture, il remonta sur le pont et put voir que le ciel avait retrouvé son teint bleu qui lui seyait si bien. Une douce brise le caressa et il remarqua qu'ils avaient accostés sur le quai de son village. Des hurlements réjouis d'une femme se firent alors entendre. Sa mère accourut vers lui en pleurant. Il s'empressa alors de la rejoindre et de la serrer dans ses bras. Après de rassurantes paroles envers cette mère inquiète pour la santé de son fils, la femme et son garçon rentrèrent à leur domicile. Son père, lui, l'accueillit d'une façon plus solennelle. Il savait que son fils venait de recevoir l'une des plus grandes leçons que la vie pouvait lui donner. La Mer lui avait montré l'étendue des dangers qu'elle représente et que jamais l'insouciance ne devait re commencer à étreindre Uminari lors d'une de ses traversée de l'Océan. La mère du jeune Uminari prépara un colossal festin digne d'un chef en l'honneur de son fils. Arès un repas des plus jovial l'enfant plus instruit que jamais remonta dans sa chambre pour rédiger un troisième chapitre de son carnet:
Première sortie en mer: Jour 3
Quelle nuit... Jamais je n'aurais cru la Mer capable d'une telle férocité. La belle femme s'est transformée en un monstre sanguinaire. Sans mes mentors, j'aurais rejoins pour l'éternité les profondeurs abyssales, enlevé par l'Océan. Le navire n'a rien eu, sûrement grâce à l'hommage des marins. C'est comme si elle n'en avait eu qu'après moi. Sans doute voulait-elle me punir de mon arrogance. J'ai faillit mourir, j'ai vraiment eu peur. Il faut absolument que j'aille retrouver mes aînés et que je leur présente mes excuses et mes remerciements. Je leur doit mes nouvelles connaissances et la vie. Maman a vraiment eu peur. J'ai sentit mon coeur se serrer lorsque j'ai vu cette frayeur dans son regarder baigner dans ses larmes. Je ne veux plus jamais la revoir dans cet état. Dorénavant je me montrerais exemplaire envers elle et envers la Mer. Papa ne m'a rien dit. Apparemment il a compris que la leçon m'avait suffit. Lui aussi c'est un grand homme, je me montrerais digne de lui.
Uminari sera à jamais reconnaissant envers ses parents et ses initiateurs à la pêche et aux dangers de la mer. Plus jamais il ne sous-estimera la Mer et ses dangers. Cette mésaventure ne lui ôta point son amour de la Mer qui s'en trouva amplifié. La Mer était pour lui un univers complet et équilibré, lourd d'histoire et de mystères tout comme il est rempli de merveilles.